Forcer le vote…

“Si vous n’étiez pas forcé sous la menace d’une amende ou d’une sévère pénalité, iriez-vous quand même voter?»
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Introduction

Je fais un bref interlude dans ma série sur une société sans État pour partager une opinion concernant une nouvelle qui me tape sur les nerfs.

On apprenait récemment que le parti libéral du Canada étudie l’idée de rendre le vote obligatoire s’il était au pouvoir. Il forcerait les gens à aller voter et à exprimer leurs “opinions politiques». Comment les forceraient-ils, ça personne ne le sait pour l’instant mais si nous pouvons immédiatement conclure une chose, c’est qu’il utilisera son monopole de la violence pour imposer sa volonté sur la vôtre. Car l’État n’est efficace que dans une seule chose: la dispensation de la violence à ses propres fins.

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Ailleurs dans le monde

Il y a présentement 22 pays qui forcent les gens à voter mais pas tous punissent ceux qui ne votent pas. Certains vont donner une amende vacillant autour des 25$. Par contre, d’autres sont bien plus intransigeants. Au Pérou ou en Grèce, ceux qui ne votent pas ne peuvent plus obtenir de produits et services fournis par les bureaux de l’État (publiques) tels un permis de conduire, un passeport, etc.; au Brésil ils ne peuvent obtenir de passeport; en Bolivie ils se verront dans l’impossibilité de retirer leur salaire des banques pendant trois mois. Et il y a la Corée du Nord, où plus de 99% de la population a voté et 100% des votes ont été à Kim Jung-un (on se demande bien pourquoi…).

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Les incitatifs

Comme je l’ai mentionné dans un autre billet concernant la violence et l’État, l’être humain a besoin d’incitatifs, de motivation pour accomplir une action. S’il veut vivre, il sera incité à se nourrir. S’il veut s’acheter une voiture, son incitatif sera de ramasser des sous (ou de donner quelque chose en collatéral en échange d’un prêt bancaire). S’il ne va pas voter, c’est que les incitatifs ne sont pas suffisamment présents pour le motiver à agir. L’apathie politique de l’électeur moyen ne siège pas dans l’absence de désir de voter mais bien dans l’incapacité des élus à stimuler adéquatement l’électorat. Pour un individu qui ne s’arrête pas à la traditionnelle bullshit propagandiste “Moi je vote parce que c’est mon devoir de citoyen», il faut une motivation importante. Mais de façon générale, les politiciens sont simplement incompétents dans l’art de créer des incitatifs qui motiveraient toute une population à participer dans le processus électoral. En gros, si les électeurs ne sont pas motivés, c’est la faute des politiciens. (Bon, y’a plus que juste ça mais pour continuer sur ce sujet, il me faudrait tout un autre billet de blogue.)

Beaucoup disent que si tu ne vas pas voter, tu n’as pas le droit de te plaindre, mais ça c’est uniquement une phrase lancée dans le vide par des esprits aussi vides, en manque de reconnaissance et d’attention, qui préfèrent recracher l’opinion du Journal de Montréal au lieu de réfléchir à se construire leur propre opinion en en prenant la peine de réfléchir. Ces gens font partie de la garde d’honneur de l’apathie politique, ceux qui vont tenter de motiver les gens en tentant de les manipuler émotivement. Et quand ton arme est la manipulation émotive, c’est que t’es arrivé au bout de ton intelligence (comme le cerveau d’Homer Simpson qui quitte son corps). En fait, comme le grand George Carlin le disait, si tu as une population non-éduquée, et que les politiciens viennent de cette population, tu auras des politiciens non-éduqués. Et forcer les gens à voter ne motivera pas la population à s’informer et s’éduquer sur les plateformes électorales. Présentement, le vote est libre et prenez-vous réellement le temps de consulter toutes les plateformes électorales de tous les partis avant d’aller voter? J’en doute fortement. Et si vous le faites, vous représenter une minime portion de la population.

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Pourquoi voter?

Au lieu de forcer les gens à voter, faudrait peut-être leur demander pourquoi ils ne veulent pas voter. Causée par les politiciens qui mentent, volent, manipulent, ne tiennent pas leurs promesses, etc., et par le fait de ne pas trouver de représentant ayant des valeurs individuelles similaires à soi, l’apathie politique arrive en premier plan à mon avis. Par exemple, je suis un autarchiste abdiquant l’anarchie, je peux vous assurer qu’aucun candidat politique ne fait la promotion de l’anarchie dans mon coin… (Et de toute façon, ce serait paradoxal.) Ensuite il y a les raisons religieuses, la météo, ainsi que la capacité physique à se rendre au bureau de vote. De plus, forcer le vote est un argument en faveur de l’existence et de la nécessité de l’État, ce qui n’est clairement pas une raison pour moi. (Ce que vous devriez savoir si vous suivez moindrement ce blogue!)

La liberté d’expression offre les possibilités de s’exprimer et de ne pas s’exprimer. Ne pas donner son opinion est un droit tout aussi fort et intrinsèque à la liberté d’expression que son inverse. Forcer les gens à s’exprimer est la même chose que de les empêcher de s’exprimer. Quand tu empêches une population de s’exprimer et que tu le fais sous la menace, on appelle ça un régime totalitaire, et quand tu forces une population à s’exprimer et que tu le fais sous la menace, ça devient aussi un régime totalitaire. Dans les deux cas la liberté d’expression est anéantie et la démocratie (du moins l’apparence de démocratie) devient une dictature. De toute façon, la démocratie n’existe pas au Canada, c’est une aristocratie élue.

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Conclusion

Une loi pour forcer le vote ne créera pas d’incitatifs ou de motivation à voter, elle ne servira qu’à camoufler le réel désintérêt de la population et l’apathie encore plus grandissante envers la politique. L’apathie politique est à la base des phrases de psychopathes du genre “Les Canadiens et les Canadiennes se sont exprimés en majorité» alors que seuls 24.3% de l’électorat potentiel ont choisi cet individu en particulier. Le vote forcé ne changerait pas cette apathie car quand 100% de la population est obligé de voter, personne ne sait vraiment qu’est-ce qui ne fonctionne pas, étant donné que le vote est un barème ou un indicateur de satisfaction collective. C’est comme quand l’État fixe les prix pour les commodités, les commerces se retrouvent avec des tablettes vides parce que personne n’est en mesure de déterminer la vraie valeur. L’offre et la demande ne se rencontrent pas pour établir une référence.

Et finalement, avec une loi qui force la population à voter, nous verrons l’émergence d’une nouvelle question de sondage: “Si vous n’étiez pas forcé à voter sous la menace d’une amende ou d’une sévère pénalité, seriez-vous venu quand même?»

  • Pasdechatsicitte

Justin Trudeau et Kim Jung-un sont unanimes, “forcer le vote est vertueux!»

Justin Trudeau et Kim Jung-un sont unanimes,

 

Sooner or later

   

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